JO 2024 : le coût caché du passage de la flamme

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© PETROS GIANNAKOURIS/AP/SIPA

Le 26 avril dans le stade Panathénaïque d'Athènes, Tony Estanguet, président du comité Paris 2024 (à d.), reçoit la flamme des mains du président du Comité olympique grec, Spyros Capralos (à g.), avant son départ pour la France.

Débarquée à Marseille le 8 mai, la flamme olympique entame un tour de France jusqu’au 26 juillet. Mais seulement dans les départements et communes qui ont accepté de verser l’obole.

D'ordinaire, observe Sylvain Bouchet, historien spécialiste des Jeux olympiques, l'arrivée de la flamme dans le pays organisateur permet de remplir les journaux d'autres choses que des traditionnelles polémiques d'avant Jeux: comment boucler le budget, héberger les bénévoles… "C'est du pain bénit pour le Cojo, le comité d'organisation des JO", dit-il. Sauf lorsque le coût se révèle démesuré pour les collectivités, comme cette année. Pour recevoir la flamme le temps d'une journée, chaque département a dû verser 180 000 euros au Cojo. "Notre vice-présidente chargée des Sports a échangé avec le comité pour obtenir des réponses sur l'usage de cette somme, précise Nina Minotto, attachée de presse pour la Loire-Atlantique. Elle n'a jamais obtenu de réponse précise. Le Cojo a seulement indiqué que le coût réel de l'événement s'élèverait à 450 000 euros. Face à l'opacité sur l'utilisation de l'argent du contribuable, le département a décidé de le refuser." Les élus regrettaient aussi que sur cent relayeurs prévus lors du passage, cinq seulement aient pu être proposés par le département. "La priorité est accordée aux grands sponsors privés", constate Nina Minotto. Pourtant, le territoire a financé pendant trois ans, à hauteur de 200 000 euros, la préparation de trente-huit athlètes paralympiques.

Les coûts cachés du droit de passage

Des maires ont poussé un coup de gueule. "Contrairement au Tour de France, la flamme ne rapporte rien à la ville. Pire, elle nous coûte et cela va emmerder les gens!" s'est offusqué dans le quotidien Sud Ouest Morgan Berger, maire de Cognac (Charente). Il estime à 40 000 euros le coût pour l'agglomération de l'organisation et la sécurisation du parcours, en raison du risque d'attentat. Car, oui, les villes doivent souvent sortir le chéquier, en sus des 180 000 euros versés par le département. Xavier Bonnefont, maire d'Angoulême (Charente), s'est étranglé en voyant les coûts cachés "découverts au fil de l'eau": près de 100 000 euros. Des collectivités territoriales ont en tout cas décidé de prendre en charge les coûts cachés, comme le Finistère.

Le maire de Vichy, Frédéric Aguilera, précise que devant le refus de l'Allier de payer, c'est l'intercommunalité qui a versé 180 000 euros. Il concède n'avoir pas trop eu le choix, mais assume: "Le ministère des Sports nous a proposé la flamme. L'État venait de nous verser 20 millions d'euros pour rénover notre centre omnisports de haut niveau. Quand l'État nous donne autant, on l'écoute. On ne peut pas dire que l'on veut accompagner l'excellence sportive et dire à l'État d'aller se faire voir quand il frappe à notre porte. Nous voulons faire de Vichy une ville du sport de haut niveau. Nous organisons souvent des événements, comme, prochainement, le championnat d'Europe de triathlon. Nous sommes, en dehors de la région parisienne, le territoire français accueillant le plus de délégations – 22 – qui se préparent aux JO, comme l'équipe de France de natation."

Valoriser l’image des petites communes

L'édile assure que les retombées de cette économie du sport dépassent désormais celles du thermalisme en nuitées. Et que la flamme permettra aussi à Vichy de symboliser la venue des athlètes, qui restent souvent confinés pour s'entraîner. "Grâce à ça, nous allons vraiment vivre les JO alors que nous nous trouvons au fin fond de la France."

D'autres petites communes, comme Saint-Dizier (Haute-Marne), feront de la flamme une fête locale. "Il s'agit avant tout d'un moment de fête et de célébration des valeurs olympiques. Nous attendons 10 000 à 15 000 personnes, une belle mobilisation du monde sportif de Saint-Dizier et forcément une occasion de montrer une belle image de notre ville", souligne le maire, Quentin Brière. Pour quel coût? L'édile ne donne pas de chiffres précis: "C'est un coût maîtrisé que nous assumons, dans le cadre de notre politique sportive et événementielle."

Sylvain Bouchet considère que le Cojo a commis une "erreur stratégique" en optant pour une cérémonie d'ouverture très coûteuse le long de la Seine: "Ils auraient pu dépenser cet argent pour le parcours de la flamme, seul événement “gratuit” et vraiment populaire des JO pour les Français. Ainsi, ils auraient rempli leur promesse – non tenue – d'organiser des JO populaires."

Commentaires

  • 09/05/2024 10:33 Répondre

    philochard 80

    les J O seront comme le poker menteur voleur. On ne saura pas la vérité des dépenses. La France aura la médaille du gaspillage et de magouille
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